mardi 31 mars 2015

Monsieur printemps est une girouette

Ce matin, mon gros minet avait la mine basse,

  puisque durant la nuit,

  la dame blanche était revenue enneiger son terrain de chasse

  et avait, du même coup, rapporté l'ennui.

Tout était si blanc que même les fanfarons bleus d'hier

  avaient préféré demeurer dans leur tanière.

Et comme Michou, je fus découragée de voir, encore et encore,

  cette image de blancs divers.

 Forcée tout de même d'admettre que c'était là un magnifique décor.

Tant et si bien, que dans ce paysage fantastique,

  je ne serais pas restée sceptique de voir un lutin passer sous une branche de sapin

  avec dans les mains son panier de pique-niques.

Et dans cette infinité de blancs, je cherchais monsieur printemps.

Je l'imaginais perdu dans la nature, sans boussole, ne sachant où aller.

 Je me disais qu'il avait sans doute perdu le nord,

  ou que ce fut plutôt le nord qui l'avait trouvé,

  car c'est la raison qui expliquerait le froid au-dehors.

Et je l'imaginais avoir aussi perdu son équilibre d'antan,

  car faute des changements climatiques de la planète,

  il n'arrivait plus à se mouvoir sur la balance du temps,

  si bien qu'il était devenu une vraie girouette.

Assis entre deux chaises, entre deux saisons,

  entre le printemps et l'hiver, entre le blanc et le vert,

  il ne savait plus sur quel pied danser, ne savait plus quelles bottes chausser.

J'enfilai donc mon manteau et sortis de ma maison

 afin de le retrouver, afin qu'il se retrouve lui-même,

 afin qu'il retrouve sa raison, sa mission, sa saison

 cette transition de l'hiver à l'été, que tout le monde aime.

lundi 30 mars 2015

Le futur festin bleu

 

Ce matin, j'avais mis du pain sur la galerie pour les oiseaux

 

  et malgré que j'eus dit mille fois à Michou de leur laisser la vie sauve,

 

 le flot de mes paroles ne parvinrent pas aux oreilles de mon petit fauve.

 

Faisant mine de m'écouter, il s'assit sagement en position chat-bibelot,

 

 et tranquillement, il attendit de voir arriver son déjeuner à tire-d'aile.

 

En voyant cette petite statue de minou si belle,

 

 aucun animal n'aurait songé qu'en deux griffes, trois coups de dents,

 

 il se retrouverait dans sa gueule en dedans.

 

Ce fut le cas justement de ce fanfaron de geai bleu

 

 qui arriva, insoucieux, avec son ramage et son beau plumage.

 

N'ayant d'yeux que pour voir son image,

 

  il n'avait pas vu que dans les parages, un félin attendait son festin bleu.

 

En voyant le fanfaron ailé parader son habit emplumé bleuté,

 

Michou fut tenté ou teinté par son arrogance et ses belles apparences.

 

En souriant sournoisement, il se vit arborant à son cou un boa bleu

 

 qui rehausserait, ma foi, encore plus sa beauté.

 

Alors en douceur,

 

 et faisant bien attention pour ne pas trop bouger son plumeau de queue,

 

  il avança en bon chasseur.

 

Et tandis qu'il n'y avait plus qu'une longueur de moustache de chat

 

 qui le séparait de sa proie,

 

 voilà qu'un autre fanfaron bleuâtre arriva de nulle part

 

 et se mit a pousser des piiiip piiiip piiiip comme un criard.

 

Grâce à ce système d'alarme,

 

 le futur festin -boa bleu évita le pire des drames

 

 et s'envola dans le ciel à la couleur de ses ailes.

 

En voyant Michou tout penaud sur la galerie,

 

 qui essayait de ne pas entendre leurs moqueries et leurs railleries,

 

  j'eus un peu pitié de lui.

 

J'ouvris  la porte de notre petit nid et lui donna une croquette comme gâterie.

 

 

 

dimanche 29 mars 2015

Baigné de lumière

 

Ce matin, Michou observait de sa fenêtre quelque chose dans la nature.

 

Je pensais donc qu'il surveillait les ennemis numéro 1 et 2,

 

 ou de futures proies bien dodues ou le gros matou dangereux

 

 lui ayant donné des égratignures en échange de quelques poils de sa jolie queue.

 

Mais, en le regardant comme il faut, je compris que j'avais tout faux.

 

Mon gros lou contemplait la lumière de la naissance du jour.

 

Cette lumière peignant mille couleurs dans mon univers;

 

Cette même lumière se logeant dans les yeux des gens en amour

 

 et qui se reflétait aussi sur la lune d'hier.

 

Lumière lunaire rendant la neige fluorescente comme les petits chapelets

 

 que j'avais, jadis enfant, et qui m'aidait à faire monter mes prières

 

 plus facilement vers un être parfait.

 

Puis, pendant que j'étais dans mon monde, dans mes souvenirs,

 

Michou , dans l'instant présent, continuait de scruter le sol enneigé

 

 et je vis ce qu'était réellement son point de mire.

 

Il regardait les petites fées flocons qui, sur la neige, s'étaient allongées.

 

Elles prenaient un bain de soleil en cette si belle matinée.

 

Or, je ne sais si elles savaient qu'elles fondaient et s'évaporaient dans l'air,

 

 et qu'avant de s'éteindre dans ce néant de blanc,

 

 elles laissaient jaillir de leur être de scintillantes lumières.

 

Ces mêmes lumières que Michou contemplait avec ravissement.

 

Alors, je me suis installé auprès de mon maître ronronneur  

 

 et ensemble, nous nous sommes rempli les yeux de lumière

 

 cadeaux que les fées nous donnaient en présent à cet instant.

 

 

 

 

samedi 28 mars 2015

Le repos du guerrier

 

Ce matin, le corps de Michou lui a glissé l'idée de faire la grâce matinée.

 

Sur sa petite couverture bleue, c'est à peine s'il a ouvert les yeux,

 

  lorsque je me suis approchée pour le câliner.

 

Ayant gardé, un goût amer de sa mésaventure d'hier,

 

  il avait besoin de se reposer sans courir le risque de vivre des galères.

 

 Je me dis que le guerrier redoutable de souris et de perdrix

 

  avait trouvé plus fort que lui.

 

Somme toute, on trouve toujours plus petit ou plus grand que nous.

 

C'est là, la leçon qu'il a apprise de ce gros matou.

 

Conseille qui miaule aussi jusqu'à mon cœur,

 

 pour moi qui me compare aux autres, ces autres toujours meilleurs.

 

Comme Michou, pour l'heure, je baisse les armes.

 

Et en me réfugiant sous mon bouclier, avec un peu le vague à l'âme,

 

 moi aussi je prendrai un temps pour vivre le repos du guerrier.

 

 

vendredi 27 mars 2015

L'autre Minou

 

Ce matin, je m'ennuyais presque de ne pas entendre mon gros lou

 

 me réveiller avec ses sons de miaou doux tout.

 

Alors, j'ouvris mes rideaux pour voir si je ne le verrai pas dehors.

 

C'est alors que sur la galerie, j'entendis une course de pieds affolés.

 

Mon cœur se mit à tambouriner en voyant un gros balourd de minou

 

 courir férocement après Michou.

 

D'emblée, j'allais du haut en bas de l'escalier pour voler à son secours.

 

Sans manteau, ni chapeau, presque nue,

 

  je sortis dehors à corps perdu pour chasser cet intrus.

 

D'un œil, je vis cet autre minou, gros comme un ours costeau,

 

  de l'autre, tel un petit oiseau, Michou juché tout en haut

 

  du grand cèdre entouré de bouleaux.

 

 En me voyant venir, je vis la peur de Michou s'enfuir

 

  je vis aussi, au fond de ses yeux,

 

 comme il était heureux que je sois la pour lui en ses lieux.

 

Surgirent alors de moi, des cris de maman chat,

 

 des rugissements d'amour qui chassèrent le min-ours.

 

J'ouvris ensuite affectueusement les bras  

 

 et  Michou, tout tremblant, vint se blottir contre moi.

 

jeudi 26 mars 2015

Une pensée grandeur nature

 

Ce matin, je dormais d'un sommeil lourd et profond.

 

Probablement à cause des flocons légers qui enveloppaient ma maison.

 

Je souriais en pensant à tout ce lourd dans la balance de mon corps

 

 en raison de quelques légers flocons au-dehors.

 

Michou en attendant mon réveil,

 

 avait dû lui aussi sentir la lourdeur des flocons tombant du ciel,

 

 car il s'était endormi en positon de bon minet à son poste de guet.

 

En passant à ses côtés, c'est à peine s'il a ouvert ses lourdes paupières.

 

Avec empathie, je le pris dans mes bras de bonne petite mère.

 

Une fois assis sur notre chaise berçante, il m'a regardé avec les yeux mi-ouverts.

 

En l'entendant ronronner et faire des sons de petits pigeons mignons,

 

 un doute monta en moi, en songeant à mon Daniel Boone d'hier.

 

Et une pensée, en apportant une autre bien sûre,

 

  je me trouvais privilégiée de pouvoir vivre dans la nature.

 

De pouvoir regarder, écouter et ressentir cette essence,

 

 puisque bien des animaux et humains n'avaient pas cette chance.

 

Cette liberté d'avoir une seule porte me séparant de mon salon à la végétation.

 

De voir se dévêtir et se revêtir les arbres à la mode des saisons,

 

 de voir se parfumer d'odeurs l'air du temps,

 

 d'entendre le silence me raconter des histoires enchantées,

 

 d'écouter le ruisseau et les oiseaux chanter,  

 

 de me laisser caresser par les effleurements du vent,

 

 en me laissant aller à être simplement.

 

Alors, j'emmagasinais cette expérience grandeur nature pour vous la partager.

 

Je l'a posai dans une toute petite pensée, une bulle de rêverie, un flocon léger, 

 

  pour qu'il ou qu'elle voyage vers vous aux quatre coins du monde entier.

 

 

mercredi 25 mars 2015

Daniel Boone minet

 

Ce matin, Michou faisait la grâce matinée.

 

En entendant ma voix, un petit réveil dans son cœur a sonné.

 

Tant bien que mal, il a marché vers moi

 

  pour venir se rendormir dans mes bras.

 

Ses runs de chasse de nuit ayant débuté,

 

 mon minet de coureur des bois expérimenté,

 

 avait recommencé à faire fuir les souris aux alentours.

 

Sauf une, qui n'eut pas la chance, ce matin, de voir le jour,

 

 puisqu'elle était endormie d'un éternel sommeil sur la galerie.

 

Je crois que mon Daniel Boon ronronneur, l'avait laissé devant la porte patio

 

 car il voulait me l'offrir en cadeau.

 

En regardant mon gros lou, tout doux et plein d'amour,

 

  j'eus peine à l'imaginer guetter une bête pour trancher le fil de ses jours.

 

Pendant qu'il sombrait dans un sommeil, je regardai sa pureté en éveil.

 

J'avais peine à croire qu'il soit comme ces autres gens,

 

 avec leurs deux visages et leurs griffes à doubles tranchants.

 

 Mais, je me dis que l'on est comme on naît,

 

   et qu'il n'y avait rien de parfait.

 

  De toute façon, je me posai comme question,

 

   de quoi ce parfait était-il fait?

 

 Et puisqu'il fallait bien se nourrir pour vivre, je lui ai dit merci.

 

Toutefois, je lui laissai à mon tour la souris en cadeau,

 

  en lui disant que j'avais plein d'autres choses à manger dans le frigo.

 

 

mardi 24 mars 2015

Manteaux de cristaux

 

 

Ce matin, Michou était content de me réveiller,

 

 car il avait quelque chose de merveilleux à me montrer.

 

Au- dessus de nous, un nuage laissait tomber de merveilleux petits flocons.

 

Mais pas n'importe lesquels flocons,

 

 puisqu'en regardant à la manière de mon gros lou,

 

  c'est-à-dire avec un regard perçant et profond comme tout,

 

 nous pouvions voir qu'à l'intérieur de chaque flocon,

 

 s'y trouvaient de toutes petites fées aux visages ronds

 

 de petits êtres éphémères répandant leur magie dans l'air.

 

Avec leurs doigts de fées, elles avaient confectionnées

 

 un manteau de cristaux pour M. Printemps.

 

Elles avaient eu pitié de le voir, presque nu grelotter,

 

  puisqu'il avait, comme vous le savez, perdu auparavant son coupe-vent.

 

Perspicace, il était revenu pour prendre sa place.

 

Mais, ne voulant pas perdre encore la face,

 

 il avait ramené avec lui du renfort.

 

À ses côtés, se tenaient ses meilleurs amis, M. Soleil et M. Silence.

 

L'un avait réussi à faire taire les vents forts,

 

 et l'autre avait ramené ici une chaleureuse ambiance.

 

Voulant à tout prix faire renaître la végétation dans notre paradis,

 

 imaginatif, M. Printemps regardait les écorces de bouleaux

 

  virevolter sur la neige scintillante,

 

  en se faisant à croire que c'était là des papillons.

 

Puis, à travers la vitre de ma maison,

 

 il contemplait les fleurs dans mes pots, en rêvant de leurs feuilles odorantes.

 

Et pareille à la dame blanche, qui s'amusait à manger des couleurs,

 

  il savourait les verts des cèdres et des sapins avec le plus grand bonheur.

 

Heureux de le retrouver, Michou sorti un instant sur la galerie pour le saluer.

 

Lorsqu'il revint pour prendre, avec moi, son petit déjeuner,

 

  je le vis lui aussi habillé d'un manteau de cristaux.

 

Seulement le tricot des fées fondu aussitôt,

 

  car sur la grille, au-dessus du poêle chaud, mon gros lou s'était allongé.

 

En voyant M. Printemps nous faire signe de profiter de ce doux temps,

 

  je sortis pour que les fées me tissent, à moi aussi,

 

  un nouvel habit de neige blanc.

 

 

 

lundi 23 mars 2015

La revanche de dame blanche

 

Ce matin, je me suis réveillée sur les sons des craquements de ma maison.

 

Entre deux sautes de vent, j'ai perçu un merveilleux petit chant.

 

Un miaulement tout doux, tout minouchou de mon Michou mignon.

 

En lui ouvrant la porte de ma chambre à coucher,

 

   je le vis apeuré, d'entendre les rugissements d'une redoutable bête.

 

Je le pris donc dans mes bras pour le rassurer,

 

  et sommes allés, à la fenêtre, voir ce qui lui faisait dresser les poils sur la tête.

 

En ouvrant les rideaux, je vis que la dame blanche n'avait pris aucun repos.

 

Ayant festoyée toute la nuit dehors,

 

  sens dessus dessous, elle avait mis le décor.

 

Elle dansait toujours et encore, en faisant tournoyer sa robe blanche.

 

Elle dansait toujours et encore,

 

  pour prendre contre monsieur printemps sa revanche.

 

Rien de rien n'avait su lui tenir tête, surtout pas son manteau coupe-vent,

 

 qu'elle avait fait danser dans la tempête sur une musique à quatre temps.

 

Les bourrasques étaient si intenses,

 

 qu'elles avaient fait disparaître la montagne derrière la grange.

 

Et pour que ne pas qu'on la dérange,

 

  l'immaculée insensée avait coupée l'électricité en permanence.

 

Ne voyant plus bonhomme hiver dans le champ,

 

 Michou se dit qu'il avait dû aller se mettre à l'abri avec monsieur Printemps.

 

Même les arbres en auraient fait autant,

 

 car j'imaginais que leurs pieds et leurs orteils de racines

 

 avaient peine à s'encrer dans leurs souliers de terre gelée.

 

En voyant tout ce néant de blanc,

 

  je me demandais si dans tous ses élans sans fin,

 

  l'insensée n'avait pas mangé toutes les couleurs pour assouvir sa faim.

 

Alors dans ce monochrome tableau,

 

  je retournais dans mes draps blancs faire dodo.

 

Et en serrant dans mes bras mon gros lou très fort,

 

 nous fîmes des rêves multicolores.